ven 28 mains d’oeuvres
Séminaire « Politiques des réseaux et media-labs en Europe »
14h-18h, entrée libre
Conférence animée par Ewen Chardronnet
La rencontre s’intéresse aux structures associatives indépendantes qui se sont installées en laboratoires de fabrique électronique multimédia. Comment fédérer les initiatives en Europe ? Comment entreprendre des actions locales, mobiles ou globales ?
Dans la notion d’arts numériques, on entend des pratiques artistiques qui font usage des derniers développements de l’informatique. Mais après les fermetures récentes de laboratoires dédiés à ce type de création en Europe (on peut citer le Centre International de Création Vidéo Pierre Schaeffer en France ou Hull Time Based Arts en Grande-Bretagne), et la crise de croissance de certains centres de créations numériques, cette dénomination n’est-elle pas limitative ? L’art anciennement connu comme « nouveaux médias » a forgé des institutions, mais est aujourd’hui confronté au même problème que la vidéo il fut un temps, à savoir qu’il ne s’agit plus du tout d’un support émergent. L’intérêt des artistes et du public se déplace alors aux intersections, « intermedia », comme tentent de le définir les comités de subventions de certains ministères de la culture européens : rencontre des arts de la scène et des technologies, des interventions urbaines et des technologies mobiles, etc. Mais en période de crise dans la culture, ne risque-t-on pas de perdre le sensible et le politique à travers une exaltation conjoncturelle de l’appareillage ?
Sous l’appellation « Media Lab » on peut répertorier un nombre conséquent de pôles technologiques aux dimensions variables, allant du département numérique d’une école ou d’un paquebot culturel comme le musée, jusqu’à la micro-structure activiste. Nous nous intéresserons ici aux structures non-institutionnelles mais établies comme associations indépendantes, qui se construisent comme plate-formes technologiques et médiatiques autonomes et se mettent au service d’actions diverses dans le champ social. Suivant sa vocation première, ce type de structure peut soutenir la création artistique, développer des outils numériques libres, jouer un rôle éducatif par la formation aux outils informatiques, offrir un hébergement virtuel pour d’autres initiatives culturelles, accompagner les politiques d’intégration sociale, mener des actions militantes délocalisées, où organiser des projets de médias indépendants.
Qu’est-ce qui permet à une structure indépendante de survivre ? Quelles sont les dimensions optimales de fonctionnement pour ce genre d’opérateurs culturels ? La flexibilité de ce type d’organisation, à la fois acteur social et artistique, peut-elle apporter une exemplarité ? Nous nous intéresserons aux différentes dimensions d’intervention de ce type d’organisation. Le media lab comme acteur local impliqué dans sa cité, comme producteur d’événement culturel, comme développeur informatique activiste, comme structure légère et mobile ou comme catalyseur d’actions politiques. Et à l’heure des nouveaux questionnements de l’Europe élargie, nous aborderons la problématique des ressources, du développement et de la stabilité des réseaux européens.
Avec :
Gisle Froysland dirige BEK, une structure associative de Bergen, tournée vers la réappropriation des technologies et les expérimentations électroniques. Son équipe accueille des artistes des chercheurs, pour développer leurs recherches à travers un principe résidence. BEK est également porteur du festival « Piksel » associé cette année à Pixelache. (Norvège)
Luka Frelih (Ljudmila, Slovénie) : le Ljubljana Media Lab est un acteur clé de la vie culturelle en Slovénie qui a donné naissance à de nombreux projets artistiques novateurs tout en développant des outils informatiques libres. Luka Frelih est un artiste-hacker de Ljudmila.
Pablo De Soto (Hackitectura, Espagne) : le barcelonais viendra nous parler des orientations tactiques et politiques d’Hackitectura. Ils ont contribué récemment à l’organisation de l’événement « Fadaiat » (« satellite » ou « espace » en arabe), laboratoire sur la liberté de connaissance et la liberté de mouvement opérant à Tarifa et à Tanger sur le Détroit de Gibraltar.
Raitis Smits (RIXC, Lettonie) : le RIXC, Centre pour la Culture des Nouveaux Médias de Riga est une organisation pionnière dans le domaine des web radios dans les années 90. Structure légère, RIXC a mené de nombreuses collaborations internationales et organise le festival « Art+Communication » qui fêtera ses 10 ans en août prochain.
Juha Huuskonen (Pixelache, Finlande) : il est à l’initiative du Festival Pixelache à Helsinki, et travaille à des échanges planétaires dans les sphères des cultures et des politiques du numérique, avec l’Inde, la Colombie.
Benjamin Cadon (Labomedia, Orl éans) : Espace Culture Multimédia, Labomedia est une structure exemplaire en terme de media lab autonome et dans son implication sociale et culturelle au niveau local.
Jean-Noël Montagné (Art Sensitif, Paris) est président de l’association Art Sensitif, et initiateur du centre de Ressources Art Sensitif à Mains d’Œuvres.